08 avril 2008

Psychosociologie du crime passionnel

Psychosociologie du crime passionnel
de Annik Houel, Patricia Mercader & Helga Sobota

À la vie, à la mort
En France, meurent, victimes de leur conjoint, une femme tous les 4 jours et un homme tous les 16 jours. On parle de crime «passionnel», mais s'agit-il d’un avatar des violences conjugales ou d’une réelle histoire d’amour fou ?
L’analyse psychosociologique porte sur 337 crimes perpétrés entre 1986 et 1993. Surtout commis par des hommes (263, vs 74 par des femmes), ils ont fait 458 victimes. Les auteurs montrent comment, loin des histoires romantiques ou tragiques telles qu’on les trouve dans la littérature, ces crimes sont des affaires de famille.
Des familles fusionnelles dominées par l’emprise, où l’appropriation des femmes est de règle, et où, en même temps, la conflictualité des modèles est insupportable, car la façon d’organiser sa vie intime y est vécue sur le mode de l’évidence: «Chez nous, c’est comme ça».
Des familles aussi où l’idée d’un destin individuel pour chacun ne signifie pas grand-chose puisqu’à l’évidence, le destin, c’est de répéter le fonctionnement des parents. Des familles, en somme, où l’on fonctionne entre soi, ce qui ne fait qu’attiser les passions, les narcissismes et qu’accroître les détresses.
Ainsi, bien qu’annoncé, le crime dit «passionnel» est difficile à prévenir en raison de son caractère de pseudo-normalité. Une telle impuissance de la société ne témoigne-t-elle pas d’une pathologie sociale inquiétante ?

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